Articles N° 92
Focus en Hémophilie A et B
Bien que l'hémophilie soit évoquée dès l'antiquité, il a néanmoins fallu bien des siècles pour comprendre sa physiopathologie et envisager des traitements adaptés. En effet, c'est dans le Talmud babylonien du IIe siècle avant J.-C qu'elle est déjà évoquée, pour la première fois, en dispensant le troisième enfant d'une fratrie de l'acte rituel de la circoncision si les deux frères aînés sont décédés de complications hémorragiques après ce rite. Après avoir longtemps pensé que les hémophiles disposaient de vaisseaux sanguins simplement « trop fragiles », ce n'est qu'à la fin du XIXème siècle que la responsabilité du système de coagulation est enfin établie. Après de longues années « obscures », nous vivons actuellement dans les années « lumières » de la prise en charge de la maladie. Au cours des dernières décennies, des avancées remarquables ont été accomplies et nous entrons dans une phase de développement sans précédent des options thérapeutiques.
La maladie de Crohn en 2018
Les maladies inflammatoires de l'intestin sont caractérisées par l'atteinte inflammatoire de segments du tube digestif ; Les lésions macroscopiques, induites par cette inflammation sont responsables de manifestations cliniques, variables d'un patient à l'autre, suivant leur localisation. Dans la maladie de Crohn (MC), les lésions sont le plus souvent segmentaires avec une atteinte fréquente de l'iléon et/ou de segments coliques. Une atteinte de la région anale est également possible. L'histoire naturelle de la MC est marquée par l'apparition de complications, à type de sténoses et de fistules nécessitant généralement de recourir à la chirurgie. Ainsi, le risque de résection intestinale au cours de la MC est élevé, concernant plus de la moitié des malades.
Le microbiote intestinal humain
Le microbiote intestinal constitue un écosystème complexe dont l'impact sur la santé de l'Homme est aujourd'hui reconnu. Le tube digestif héberge des êtres unicellulaires comme des bactéries mais aussi des virus, des champignons et des archaea. Parmi tous ces micro-organismes, les bactéries forment le groupe le plus représenté. On considèrera donc que les données se référant au microbiote intestinal concernent les bactéries qui colonisent notre tube digestif.
Hépatite E : diagnostic, histoire naturelle, manifestations cliniques
« Tout est là, il suffit de savoir le voir » Cette formule, écrite au dessus de la paillasse d'un chercheur de l'institut Cochin, convient parfaitement au virus de l'hépatite E (VHE) dont l'épidémiologie était confinée aux pays du Sud dans mon dossier d'Internat. Je sais aujourd'hui que l'infection par le VHE est la première cause d'hépatite virale sous nos climats et qu'elle est associée à un nombre croissant de pathologies, notamment extra-hépatiques.
Maladie alcoolique du foie
La consommation d'alcool est responsable de 3,8 % de la mortalité globale dans le monde et l'alcool est la première cause de maladie hépatique en Europe. En France, l'alcool est la seconde cause de mortalité évitable après le tabac et un motif majeur d'hospitalisation. La prévalence de la cirrhose alcoolique est estimée à 3000 patients par million d'habitant en France en 2012, mais la mortalité par cirrhose a diminué au cours des dernières années (contrairement aux pays de l'Est et du Royaume-Uni). La consommation d'alcool diminue également progressivement en France depuis plusieurs années, à l'instar de ce qui est observé en Europe pour la plupart des pays. Ceci étant principalement lié à une réduction de la consommation quotidienne de vin, notamment pendant les repas, qui a chuté au cours des cinquante dernières années. En revanche, la consommation de bière et d'autres alcools reste relativement stable, en raison notamment de la pratique du « binge drinking » en contexte festif, qui correspond plutôt à une consommation de type anglo-saxon.
Préface du dossier hépato-gastro
L'hépato-gastroentérologie est une spécialité merveilleuse pour les hépato-gastroentérologues de notre génération et des générations futures.
L'hépatite C en 2018
L'Organisation Mondiale de la Santé a fixé comme but l'élimination des infections par le virus de l'hépatite B (VHB) et le virus de l'hépatite C (VHC) pour 2030. L'élimination est définie comme une diminution de 90 % des nouvelles infections, associée à une réduction de la mortalité liée au VHC de 65 %. En France, cet objectif d'élimination virale pourrait être atteint avant 2025 par la mise en place de mesures autour du dépistage universel et de l'accès universel au traitement antiviral. Cependant, ce but ne doit pas faire oublier que l'infection chronique par le VHC est une maladie hépatique et qu'il est indispensable de savoir pour chaque patient s'il existe une maladie hépatique sévère afin de réaliser le dépistage du carcinome hépatocellulaire et de l'hypertension portale.
Etats précancéreux du pancréas
Les lésions précancéreuses du pancréas exocrine sont des lésions intraépithéliales, dysplasiques (de bas à haut grade selon le niveau d'altérations génétiques accumulées). Il en existe 3 types : les tumeurs intra-papillaires et mucineuses du pancréas (TIPMP), les cystadénomes mucineux (CM) et les PanIN (pancreatic intraepithelial neoplasia). L'intérêt de connaitre ses lésions est de pouvoir en faire le diagnostic précocement et ainsi prévenir l'apparition d'un adénocarcinome du pancréas. L'enjeu est important car le cancer du pancréas sera la deuxième cause de décès par cancer en 2030 selon des projections récentes.
Nouveautés dans le cancer colorectal
Les cancers colorectaux (CCR) sont le troisième cancer le plus fréquent en termes d'incidence et la 2e cause de mortalité par cancer. En Europe, les taux de mortalité sont de 235/100 000 chez les hommes et de 145/100 000 chez les femmes. La mortalité cancer-spécifique lié à ce cancer a diminué ces dernières années pour les deux sexes et toutes les classes d'âge, même si le bénéfice semble moindre pour les patients de 80 ans ou plus en France. L'excès de mortalité spécifique est majeur durant les 18 mois suivant le diagnostic puis diminue fortement mais persiste à 5 ans du diagnostic. Tous stades confondus, les taux de survie globale à 1 et 5 ans sont de l'ordre de 80 % et 60 %, respectivement. Selon l'âge au diagnostic, le taux de survie à 5 ans varie en France de 66 % pour les patients de 60 ans à 52 % pour ceux de 80 ans ou plus. De nombreux progrès ont été réalisés ces dernières années, que ce soit au niveau du dépistage, des possibilités thérapeutiques ou de l'identification de marqueurs moléculaires permettant une classification plus fine des différents cancers colorectaux.